
Si bien qu'il n'en restait plus rien,
Rien, sauf un bout qui battait fort,
Si fort que dans ces futiles efforts,
Si bien que dans son profond chagrin
Il en avait bravé la mort.
Décousu, l'reste de ma dépouille,
Gisait salement sur le plancher,
Mon c½ur avait quitté sa douille,
L'ingénu, en quête insensée,
Ne voulait pas rentrer bredouille,
Pensant pouvoir te retrouver.
« Pierrot me pêchera à la ligne,
Et quand au bout de son hameçon,
Le saltimbanque me tiendra,
Du haut de mes veines malhabiles,
Je scruterai si je ne me défile,
Tout l'horizon si je t'y vois. »
Le courageux parcourut la Terre,
Avec une envie carnassière,
De retrouver celui qui jadis,
D'un sourire tout juste éphémère,
Faisait de ses veines la jachère,
D'un amour qu'il voulait délice.
L'épopée fut sans lumière.
Alors qu'il perdait toute gaieté,
Une ligne fit frémir la poussière.
Sombre Pierrot, le torse abîmé,
Touché par le c½ur déraciné,
Le hissa très haut dans les airs.
« N'sais tu pas, mon pauvre organe,
Que l'amour n'est qu'une sale gitane,
Qu'on fume à se noircir les poumons,
Celui qui donne à homme ou femme,
La moindre emprise sur son âme,
Est un idiot doublé d'un con. »
« Dans l'temps, j'étais un beau joueur,
Mais j'ai perdu à l'arrache-c½ur,
Il m'a laissé poitrine béante,
A la recherche de mon bonheur,
Depuis, la Lune est mon amante,
Je t'ai mépris pour mon vieux batteur. »
Malgré les conseils avisés,
Du sombre guignol désabusé,
L'c½ur chercha toute la nuit durant,
Suspendu dans l'obscurité.
Vint à briller une maisonnée,
Etait-ce celui qu'il aimait tant ?
Sur le porche croqué par l'ombre,
Notre héros battait tellement fort,
Si fort qu'il aurait pu en fondre,
Et résonnait dans ses cavités,
Comme un immense quatuor,
D'artères enfin ressuscitées.
Mais tout près d'une autre cheminée,
Celui qu'il avait tant et tant aimé,
Battait pour un autre garçon,
Dans une peine que rien n'émaille,
Il s'enfonça jusqu'aux entrailles,
La pointe aigue jusqu'à l'hameçon.
Sombre Pierrot, dans sa déprime,
Laissa l'c½ur pendre à la ligne,
Avant de se pendre à son tour,
Peut-être qu'une autre âme en spleen,
Le planquera au fond de sa poitrine,
Et toi...
Crois-tu qu'il rebattra un jour ?
Texte par lonely-valentine
lonely-valentine, Posté le mercredi 05 janvier 2011 19:51
nillon99 a écrit : " "
Merci pour tous ces commentaires et pour tes lectures !